La face cachée de John McCain
Published by Le Grand Soir
By Jean-Guy Allard
Inspirée par Ronald Reagan qui réclamait en 1982 la création d’un think tank qui mènerait une « croisade pour la liberté », l’IRI a été fondée en 1983 par des idéologues fondamentalistes du Parti Républicain et a immédiatement reçu un financement abondant du trésor public par l’intermédiaire des institutions fédérales qui se consacrent à l’ingérence à l’étranger.
La quasi-totalité des 75 millions de dollars que l’IRI répartit annuellement entre les organisations subversives les plus réactionnaires de la planète, en les encourageant à déstabiliser des gouvernements légitimes, proviennent de la National Endowment for Democracy (NED) et de la United States Agency for International Development (USAID), deux fondations bien connues pour leurs activités conspiratives. Et pour leur alignement sur les projets les plus inconfessables des services de renseignement nord-américains.
Fait éloquent, parmi les corporations qui complètent le budget du soi-disant ‘institut’ se trouvent des requins tels que les pétrolières Chevron, ExxonMobil y BP, les multinationales des communications AT&T et Bell-South, le holding de la bière Anheuser-Busch (lié à l’épouse de McCain), le géant de l’aéronautique Lockheed Martin, et l’agence de mercenaires Blackwater.
UN « GUIDE DES RESSOURCES » POUR LES AGENTS DE LA SINA
John McCain s’est joint au conseil de direction de l’IRI en 1993, à une époque où se crée son comité « pour la transition à Cuba » sous la direction d’éléments peints CIA depuis la racine des cheveux jusqu’aux ongles des pieds.
Au cours d’une entrevue récente, Aleida Gódinez Soler, l’agent Vilma de la Sécurité d’État cubaine, énumérait ces personnages qu’il suffit d’identifier pour se convaincre du véritable caractère de l’IRI.
Présidé par Jeb Bush, fils non seulement d’un président mais surtout d’un ancien patron de la CIA qui a encouragé le terrorisme contre Cuba et d’un vice-président qui s’est attribué l’exclusivité de la gestion de la guerre sale livrée à l’Amérique latine, le comité réunit l’agent Frank Calzón, “Pepe” Cárdenas, alors directeur de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA) aujourd’hui avec la… USAID, le “dissident” Ricardo Bofil, Adolfo Franco qui réapparaîtra à la USAID avant de se joindre, il y a peu de temps, à l’équipe électorale de McCain lui-même. Porter Goss, que Bush fils nommera directeur de la CIA, le rondouillet Roger Noriega et même Otto Reich.
Dans l’espoir de stimuler sa version assez particulière de la démocratie à Cuba, l’IRI a alors diffusé un Guide des ressources pour la transition, distribué secrètement à La Havane par les diplomates de la Section des intérêts nord-américains, de leur bunker du Malecon havanais, à leurs agents qu’ils jugent les plus fiables.
Comme si cela n’était pas suffisant, l’IRI parraine aussi des organisations telles que Reporters sans frontières et People in Need, déjà alimentées par d’autres sources proches de la Compagnie.
À CARACAS, LEURS PROTÉGÉS PARTICIPENT AU COUP D’ÉTAT
Au Venezuela, en plus d’engraisser effrontément différents groupes antichavistas l’IRI a participé à des opérations d’appui au coup d’État d’avril 2002 contre le président Hugo Chavez.
Dans les mois antérieurs au rapt du leader bolivarien, l’IRI a entretenu un pont aérien entre Caracas, Miami et Washington, envoyant des politiciens, des leaders syndicaux et communautaires corrompus aux États-Unis rencontrer des représentants d’organisations d’extrême droite et établir des contacts avec des fonctionnaires du Département d’État.
L’IRI se trouve derrière les opérations de propagande de la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) et a financé et appuyé les groupes Primero Justicia et surtout Súmate dont le chef arpentait les couloirs du palais présidentiel au moment du putsch raté.
Le président exécutif de l’IRI, George Folsom, s’est réjoui du coup d’État dans un communiqué émis le 12 avril même dans lequel il se vantait de ce que l’IRI avait « servi de pont » pour encourager les partis politiques et les autres groupes impliqués dans l’action antidémocratique.
On sait déjà à Washington que si McCain est élu, le successeur de Folsom, Lorne L. Craner, se convertira immédiatement en son principal conseiller en matière de relations internationales.
A HAÏTI, ILS BATTENT UN RECORD D’INGÉRENCE
À Haïti, en 2004, les agents de l’IRI ont battu un record en matière d’ingérence dévergondée.
Caleb McCarry, leur principal représentant dans l’opération contre le président Aristide, a dirigé le complot putschiste par l’intermédiaire de Stanley Lucas, un délinquant politique lié à la dictature des Duvalier, dont la famille s’est illustrée par le massacre de 200 paysans.
Ex-fonctionnaire du bureau de l’ultra-conservateur Jesse Helms, McCarry, fils d’un ex-agent de la CIA, a été ensuite désigné par Bush pour administrer son plan d’annexion de Cuba.
A SES CÔTÉS, REICH, LES DIAZ-BALART ET… JOHN BOLTON
Il ne faut pas se surprendre si les conseillers de plus de poids en matière de relations avec l’Amérique latine, dans l’actuelle équipe de McCain, sont des individus dont les noms portent l’odeur de l’ingérence : les cubano-américains Otto Reich, Ileana Ros Lehtinen, Lincoln Diaz-Balart, ainsi que le prophète de l’Armageddon John Bolton.
On sait déjà comment il s’exhibe aux côtés des capos du Cuban Liberty Council liés au terrorisme contre Cuba.
Illustration de la politique latino-américaine favorisée par McCain : l’an dernier, l’IRI a attribué son Prix de la Liberté à Antonio Saca, président du Salvador, associé aux escadrons de la mort.
La chercheure Sarah Hamburger du Council on Hemispheric Affairs (COHA), a commencé une analyse récente de la relation McCain-IRI avec cette phrase qui dit tout : « L’aspirant à la présidence John McCain cache un squelette dans son armoire ».
Elle ajoute plus loin : « Si l’implication de McCain avec l’IRI n’a pas commencé à préoccuper l’Amérique latine, elle le fera si ces politiques qui ont eu une telle influence destructive dans le passé sont appuyées par le pouvoir de la présidence ».
Pas de doute possible : à l’Amérique latine, il reste beaucoup à découvrir au sujet du millionnaire souriant que l’extrême-droite nord-américaine propose comme successeur de Bush.