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Barack Obama veut sécuriser la frontière avec le Mexique

March 25, 2009
Lamia Oualalou, à Rio de Janeiro
Le Figaro

Washington s’inquiète de voir la violence liée à la guerre contre les narcotrafiquants empiéter sur les États-Unis, alors que Hillary Clinton est attendue mercredi à Mexico.

La secrétaire d’État Hillary Clinton doit s’attendre à un accueil plutôt froid en arrivant au Mexique mercredi. Sa visite, la première d’une série de visites de hauts fonctionnaires avant le voyage du président Barack Obama, prévu à la mi-avril, a pour objectif de panser les plaies alors que les relations entre les deux pays, qui partagent une frontière de 3 000 kilomètres, traversent une phase délicate.

La guerre contre le narcotrafic menée par le président Felipe Calderon a provoqué une explosion de violence (plus de 7 200 morts officiellement en 2008). Barack Obama s’est dit mardi «préoccupé par le niveau accru de la violence (…) et son impact sur les communautés vivant de part et d’autre de la frontière.» Dans la foulée, la Maison-Blanche a dévoilé une nouvelle stratégie pour endiguer la montée en puissance des gangs mexicains, qui gagnent des milliards de dollars en exportant la drogue vers les États-Unis, où ils se fournissent en armes et en argent liquide.

Washington prévoit d’augmenter les effectifs des agents des ministères de la Justice, du Trésor et de la Sécurité intérieure et ­d’installer de nouveaux outils de surveillance aux postes frontières. L’Administration Obama compte aussi s’appuyer sur les 700 millions de dollars d’aide aux forces de sé­curité mexicaines alloués pour 2008 et 2009.

Parallèlement, les États-Unis en­visagent de placer des troupes en état d’alerte, probablement des réservistes de la Garde nationale, qui seraient envoyés à la frontière en cas d’urgence. Ils souhaitent aussi imposer un nouvel accord militaire au Mexique. «La question de la sécurité a pris une place excessive et exclusive, il faut que les États-Unis se recentrent sur la relation commerciale, qui est fondamentale», dit Laura Carlsen, directrice des Amérique au Centre de politique internationale – CIP, basé à Washington.

Représailles commerciales
La semaine dernière, le gouvernement de Felipe Calderon a établi une liste de 90 produits américains qui seront surtaxés à l’entrée du territoire mexicain. Une décision prise en représailles à une mesure du Congrès américain mettant fin à la circulation de camions mexicains au-delà du Rio Grande, comme le prévoyait l’accord de libre-échange nord-américain (Alena), qui unit les États-Unis, le Canada et le Mexique. Le Congrès estime que les véhicules mexicains ne répondent pas aux normes de sécurité américaines. «C’est une mesure protectionniste, dictée par le puissant syndicat de camionneurs Teamsters», tranche Leo Zuckermann, analyste au Cide, un centre d’études politiques et économiques à Mexico.

«En ces moments de crise économique, alors qu’il faut éviter le protectionnisme, les États-Unis envoient un signal négatif au Mexique et au reste du monde», estime le ministre de l’Économie Gerardo Ruiz Mateos. La liste des produits frappés de surtaxe – fruits, légumes, shampoings – exclut les denrées de première nécessité afin de ne pas pénaliser le consommateur. Mexico a également tenu à ce qu’ils proviennent de 40 États américains. «Le but est de montrer à la Maison-Blanche que la relation commerciale pèse dans les deux sens, et qu’elle est fondamentale pour certains États», explique Laura Carlsen.

Pour Barack Obama, la crise avec le Mexique vire au casse-tête. «Il a promis pendant sa campagne de renégocier l’Alena à l’avantage des travailleurs américains, une proposition rejetée par Mexico, rappelle Tomas Ayuso, chercheur au Coha (Conseil sur les affaires hémisphériques) de Washington. Mais il est dangereux de froisser le Mexique, qui est son troisième partenaire commercial.»

Obama semble l’avoir compris. Il a changé de discours, substituant aux critiques des éloges sur «l’ex­tra­ordinaire travail» de Felipe Calderon.